La Société française d’entraide et de bienfaisance (Sfeb) rempile pour une 2e édition, haute en couleur et en œuvres d’arts. Arts plastiques, peinture, œuvres visuelles en collage, d’autres en céramique et plusieurs créations distinguées sont visibles dans un pavillon à Gammarth jusqu’au 8 décembre 2024. Ce lieu abrite désormais cette biennale de plus en plus prisée par ses 50 artistes tunisiens et étrangers toutes et tous engagés pour la bonne cause.
«Le caritatif est totalement indissociable à l’engagement humain et aux arts comme le prouve notre rendez-vous biannuel». Affirme Michel Delattre, président de la Sfeb lors d’un point de presse organisé au pavillon annexe de l’hôtel Golden Carthage. Une longue liste d’artistes plasticiens, peintres, céramistes tunisiens, étrangers ou vivant en Tunisie se mobilisent pour l’art et s’engagent dans l’entraide et la solidarité. 50 artistes, en grande partie tunisiens, ont mis à la vente plus de 145 œuvres d’art à la vente. Les gains partiront en partie dans des actions visant à aider des personnes dans le besoin. Ils pourront, en effet, apporter, une aide sur le plan social, psychologique, matériel : la Sfeb veille à accompagner des personnes vivant en Tunisie, mais socialement en difficulté, en les aidant à s’insérer et à mieux faire face à la précarité. Les 50 artistes de la Biennale d’art sont engagés humainement avant tout et se sont organisés longuement en amont pour la réussite de cet événement artistique et caritatif mené par Nadia Zouari, artiste et commissaire d’art.
La Biennale de L’art a été inaugurée le 30 novembre 2024 en présence de la plupart des artistes participants et de l’ambassadrice de France, Son Excellence Anne Gueguen. M. Anouar Ben Ammar, directeur général d’Ennakl Automobiles, et M. Mutaz Nazzal, directeur général de Total Energies Marketing, deux partenaires principaux de la Sfeb ont également répondu présent.
Les visiteurs n’ont cessé d’affluer en accès libre depuis l’ouverture. Quelques œuvres ont déjà été vendues. Les artistes s’enchaînent au quotidien pour une prestation artistique en direct et des étudiants des Beaux-Arts de Nabeul sont en visite sur place. Une aubaine pour eux d’être en contact avec des professionnels de renom et d’échanger autour des différentes pratiques. «La Biennale voit participer des créateurs de tous les âges et nous avons opté pour la thématique du Pop–art cette année, qui est d’ailleurs, en grande partie visible», déclare Nadia Zouari, qui ajoute : «C’est plus l’humain que la nationalité qui prime dans cette rencontre. Nous avons différentes nationalités retenues, certes, mais c’est toutes et tous des personnes qui ont la Tunisie en commun et ressentent cette appartenance à ce beau pays».
Derrière des œuvres, des rencontres
Des tableaux mêlant photographies de lieux, des sites historiques, des édifices familiers et des endroits délabrés occupent un coin du pavillon. Ces œuvres sont colorées avec différentes couleurs attractives, pas forcément harmonieuses. Michel Giliberti, artiste photographe, né à Menzel Bourguiba, est à l’origine de ces créations photographiques, fortes de son empreinte. L’artiste nous fait voyager à travers des lieux à Djerba, à Kairouan et à Menzel Bourguiba, plus précisément jusqu’au lieu exact où il est né. Un palais du Bey, autrefois abandonné, mais qui, actuellement, subit des travaux de restauration à La Marsa, est également visible dans un autre tableau. Cette déambulation photographique de Giliberti fait effet.
Un peu plus loin, d’autres tableaux fusionnent plusieurs pratiques : il s’agit des créations d’Alia Derouiche Cherif, avec comme ligne directrice les papillons, l’allure et le visage d’une jeune femme, inspirée par une de ses étudiantes. Alia Derouiche Cherif explique : «Je voulais un côté léger et j’ai opté pour une palette dont je n’ai pas l’habitude. J’ai répondu à l’appel de la légèreté, exprimée à travers le papillon qui est présent d’une manière récurrente». Elle souligne la sensibilité artistique toujours très vive en chaque vrai artiste et qui va de pair avec l’engagement humain. «J’ai répondu à l’appel avec les 49 autres artistes. C’est normal et humain qu’on réponde présent à cette biennale». Les tableaux particulièrement vifs, hauts en couleur et en éléments d’Amel Kebailli attirent l’attention : «En tant qu’artistes, il y a des événements qui nous permettent de sortir de notre zone de confort. De notre monde ou atelier où nous créons d’habitude ! On répond à l’appel d’une exposition ouverte comme celle organisée par la Sfeb, notre Biennale de l’Art. C’est ma 2e participation après celle de 2022. J’ai essayé d’y créer un monde imaginaire et d’y introduire les visiteurs, de les entraîner dans un univers alternatif à notre vécu et à notre quotidien difficile et si dur. Mes œuvres ont été spécialement réalisées pour cet événement. Ma technique n’a pas de limites : j’use de tout car je déborde d’imagination que j’essaie de canaliser».
L’allure distinguée d’un artiste participant, portant un habit original aux motifs colorés, vole les regards. Il s’appelle Bernard Roth et vit en Tunisie depuis plus de 7 ans. L’artiste est fondateur d’une association artistique à but caritatif, déjà très active à Tunis. «On est artiste et avant tout humain. La biennale rappelle mon travail engagé et c’est naturel d’y participer. En Tunisie, nous rencontrons beaucoup de gens dans le besoin et nous essayons d’aider comme on peut à travers notre art». Conclut l’artiste sur cette note optimiste.